31/07/2014 17:30 |
Le maire Front National d’Hayange (Moselle) plutôt discret sur le plan national est désormais cerné par les polémiques. Très critiqué par un collectif d’habitants en colère, mis en cause par la ministre de la Culture ou encore pointé du doigt pour les commentaires sur sa page Facebook, l’élu passa un été agité.
L’affaire de la fontaine repeinte en bleu.La ministre de la Culture n’a pas apprécié l’initiative du maire Front National d’Hayange qui a décidé de repeindre une œuvre d’art de la ville «sans l’autorisation de son artiste». L’occasion pour Aurélie Filippetti d’attaquer la politique culturelle du FN.
Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication a appris « avec stupéfaction qu’une œuvre d’art, une fontaine en granit réalisée à Hayange (Moselle) par Alain Mila, a été repeinte à l'initiative de la mairie sans autorisation de l'artiste» a fustigé le ministère de la Culture et de la Communication, dans un communiqué.
Une œuvre d’art, une fontaine en granit installée place de l’Eglise à Hayange, a été en partie repeinte en bleu clair. La décision émane de la mairie dirigée par le maire (FN) Fabien Engelmann. Selon l’artiste originaire de Thionville en Moselle et qui vit dans le Lot-et-Garonne, «il n’a pas été consulté» pour ce changement de couleur. Le maire Front National a justifié le changement de couleur par la volonté «d’égayer le centre-ville». Plus direct, il estime que cette sculpture est «moche» et qu’elle a coûté «trop cher» à l’ancienne majorité municipale.
Trop "sinistre" à son goût, un mairie fait repeindre en bleu l'oeuvre d'un artiste http://t.co/IdWnUSsgYE pic.twitter.com/dntL52W4vO
— Golem13 (@Golem_13) 29 Juillet 2014
Pour la ministre de la Culture qui s’est saisie du dossier, «il s'agit là d'une violation manifeste du droit moral et des règles élémentaires du code de la propriété intellectuelle et de la protection du patrimoine».
«Cet incident est révélateur de la conception de la politique culturelle qu’ont les élus du Front National et qui appelle à la plus grande vigilance» assure la ministre originaire de Moselle et ancienne députée PS du département. Aurélie Filippetti s'étonne qu'on puisse décider de "repeindre une œuvre pour que ça soit plus décoratif " au mépris de la création et des métiers d’art qui sont en droit d’attendre, de la part de ceux qui sont chargés de faire appliquer la loi, le respect de leur droit et de l’intégrité de leur travail»
Le ministère rappelle dans son communiqué que les œuvres «appartenant au domaine public de l’État ou des collectivités publiques sont inaliénables, imprescriptibles et insaisissables». «Les œuvres ne peuvent être ni modifiées, ni même déplacées, ni a fortiori détruites sans l'autorisation de l'artiste ou de ses ayants droit. Elles ne peuvent en aucun cas être vendues» écrit le ministère.
Un wagon de la mémoire minière repeint en bleu-blanc-rouge. Alors que la polémique autour de la fontaine repeinte en bleu par le maire n’en finit plus, la mairie a également changé les couleurs d’un vestige du passé minier de la région en lui faisant adopter des couleurs tricolores.
Une association s’opposant au maire Front National d’Hayange en Moselle a dénoncé à son tour la politique culturelle et artistique de la nouvelle municipalité. Après avoir repeint une œuvre d’art en bleu sans l’accord de l’artiste pour la rendre «moins lugubre», le maire frontiste sous le feu de la polémique depuis deux jours a décidé de repeindre un symbole fort du passé de la Lorraine. Un wagon représentant le passé minier de la région d’Hayange a adopté les couleurs tricolores bleu-blanc-rouge. «Ils s’approprient le patrimoine ouvrier local en repeignant en bleu, blanc, rouge les vestiges des mines de fer» a dénoncé cette association sur son blog. Cette association, composée d’habitants de la ville d’Hayange dénoncé un affront à la mémoire et au passé de la ville.
"Il y a des sujets plus importants"
«Le Front National poursuit son opération de charme et de dédiabolisation dans la ville, c'est son seul objectif. Mais il a beau faire, le diable se cache dans les détails. Chassez le naturel, il revient au galop» dénonce ce collectif d’habitants qui «relève chaque incohérence, erreur ou dérapage» du maire Fabien Engelmann élu en mars dernier dans un contexte politique très tendu. L’association s’est également attaquée à la page Facebook du maire de la ville dont les commentaires «insultants», «xénophobes» et «racistes» sont légion selon les membres de ce collectif.
La page Facebook du maire bourrée de "commentaires racistes". Un courrier a été envoyé au Procureur de la République pour dénoncer «les nombreux commentaires d’appels à la haine, d’appels au meurtre, d’antisémitisme et de xénophobie de la part des "amis" de Fabien Engelmann constatés sur sa page Facebook publique sans aucune modération de ce dernier, et ce, portés à la vue de tous». «Il est proprement inacceptable que Fabien Engelmann, dans son rôle de représentation publique puisse laisser ce type de commentaires à la vue de tous sur sa page publique» alerte l’association en s’adressant au Procureur. Autour d’un sujet sur les manifestations pro-Palestine qui ont dégénérées en région parisienne, des centaines de commentaires «d’amis» du maire frontiste se sont multipliés. Certaines appellent à un «nettoyage de la racaille» ou encore «à des tirs de la police sur la foule».
Le conseiller régional FN de Languedoc-Roussillon Julien Sanchez avait été reconnu coupable de provocation à la discrimination raciale après n’avoir pas modéré des commentaires racistes diffusés en octobre 2011 par ses amis sur son profil public Facebook. Cette condamnation, assortie d'une amende de 4 000 euros dont 1 000 euros avec sursis avait été confirmée en appel en 2013.
Joint par Libération, le maire d’Hayange assure «virer le moindre commentaire agressif, raciste, homophobe», lui-même. «Il en reste peut-être quelques-uns, déclare-t-il, je vais regarder.» Fabien Engelmann n’exclut pas qu’il s’agisse de «pseudo-profils» de personnes qui «se font passer pour des sympathisants pour (lui) nuire». Entre temps, le maire FN a assuré que Facebook lui a contraint de transformer son profil en page publique.
Le maire se défend en fustigeant des polémiques «inutiles». «Notre pays s’effondre sous un chômage de masse, une perte de la productivité, une dette nationale abyssale et une insécurité grandissante (…) Pourtant, une simple remise en peinture inscrite dans un programme global de rénovation des équipements et mobiliers urbains fait sursauter Mme. Filippetti, ministre de la culture, M. Masseret, président du conseil régional de Lorraine ainsi que de nombreux journalistes en quête de sensationnel» critique le maire Front National d’Hayange, dans un communiqué.
«La focalisation des médias sur une commune FN n’étonnera personne» assure Fabien Engelmann alors que Marine Le Pen avait déjà dénoncé de nombreux reportages à charge des médias contre les villes gagnées par le parti aux dernières municipales. «Les mois qui suivront permettront la mise en place de mesures nécessaires au changement et cela sera plus qu’un simple coup de pinceau» conclut l’élu mosellan.
Selon le bord politique auquel on appartient, la vision de l'art peut être différente et l'une ne doit pas forcément primer sur l'autre.
Hayange est une ancienne ville industrielle qui n'avait rien de bien accueillant. Mis à part, quelques bâtiments d'époque, l'urbanisme est assez quelconque et l'Hôtel de ville datant des années 50, ressemble à s'y méprendre à une architecture d'inspiration stalinienne.
Alors, agrémenter les lieux de quelques couleurs riantes, ne peut faire de mal au moral des hayangeois. Mais, il y aura toujours quelques ignares pour émettre des critiques.